L’aménagement d’un vallon : deux ouvrages d’art de la VIIIe légion à Mirebeau-sur-Bèze, La Combotte

Résumé

Une fouille préventive Inrap réalisée à 80 m de l’angle nord-ouest du camp de la VIIIe légion à Mirebeau-sur-Bèze a permis l’étude de deux ouvrages d’art contemporains de cette présence militaire : un pont-canal d’aqueduc et une voie avec murs de soutènement et canal d’évacuation des eaux. Si quelques niveaux de travail ont pu être observés, les couches associées à ces ouvrages d’art sont essentiellement des remblais de construction, de destruction et d’abandon. Une production de chaux, illustrée uniquement par des déchets, est en relation avec la destruction de l’aqueduc.

Coupe 14 de la canalisation (L. Joan)

Coupe 14 de la canalisation (L. Joan)

Présentation

Le territoire de la commune de Mirebeau-sur-Bèze (Côte-d’Or) est localisé à 25 km au nord-est de Dijon. Cette région faiblement accidentée est située en moyenne à 200 m d’altitude. Elle marque la transition entre les plateaux calcaires de la Montagne bourguignonne, à l’ouest, et le bas-pays du Val de Saône, au sud-est.
Mirebeau-sur-Bèze est particulièrement connue de la communauté archéologique pour les nombreux travaux menés sur deux sites majeurs du territoire lingon (fig. 1).

Mirebeau-sur-Bèze, localisation

Mirebeau-sur-Bèze : localisation (D. Watts d′après Ph. Barral, P. Nouvel, St. Venault, in : Barral, Joly, 2011)

 

À l’ouest de la commune, le sanctuaire gaulois puis gallo-romain de La Fenotte est à l’origine de l’agglomération antique qui émerge lors de la période tibérienne (BARRAL, JOLY , 2011 ; VENAULT, MOUTON, 2005). À l’est, le camp de la VIIIe légion s’installe en bordure de la Bèze dans les années 7 0 ap. J.-C. pour une durée d’une vingtaine d’années, suite aux troubles survenus en Gaule après la mort de Néron. Ce site a fait l’objet de nombreuses campagnes de fouilles entre 1968 et 197 6, en 1985, puis de 1987 à 1990, sous la direction de MM. Goguey et Reddé (GOGUEY , REDDÉ, 1995 ; GOGUEY , 2008). Si les fouilles ont essentiellement porté sur les bâtiments internes du camp, les photographies aériennes de R. Goguey ont permis de reconnaître plusieurs autres édifices situés à l’extérieur dont des thermes au sud-est du camp et un amphithéâtre à l’ouest. À environ 350 m à l’est de la forteresse, un camp annexe plus petit a également été repéré.

Une campagne de diagnostic archéologique et de prospection géophysique (juillet-août 2008 et juillet-septembre 2009) a été réalisée sur l’emprise du projet de la déviation de la RD 70 (DABAS, 2008 ; VENAULT, 2009). Trois maçonneries antiques ont été observées au lieu-dit La Combotte, à seulement 80 m de l’angle nord-ouest du camp de la VIIIe légion. Ces maçonneries énigmatiques ont fait l’objet d’un arrêté de prescription par le Service régional de l’Archéologie de Bourgogne dont les principaux objectifs définis étaient d’« obtenir une interprétation cohérente et une chronologie d’occupation/abandon, à comparer avec celle du camp militaire voisin ». Pour ce faire, une fouille sur une superficie de 1 47 6 m2 a été menée du 11 mai au 7 juin 2011 avec une équipe de quatre personnes. Cette intervention archéologique a mis ainsi en évidence l’aménagement d’un vallon pour le passage de deux ouvrages d’art associés au camp de la VIIIe légion : un pont pour le passage d’un aqueduc et une section de voie avec contreforts et canal d’évacuation d’eau (JOAN et alii, 2012).